Dans le monde actuel imprévisible et incertain, les capacités de raisonnement logique ne suffisent plus pour comprendre des problèmes d’une complexité croissante. L’orientation traditionnelle donnée aux enseignements manque de cœur et laisse les apprenants sans outil pour agir positivement et concrètement sur les enjeux actuels.
Positionner l’émotion et l’empathie comme leviers de réussite professionnelle
Dans cette remise en question des
fondamentaux de l’apprentissage et des savoirs « utiles » à la société
(2), d’autres « intelligences » apparaissent comme bénéfiques au développement global et au bien-être des apprenants
(3). C’est le cas de
l’intelligence émotionnelle, propice à la motivation, la persévérance, l’empathie, ainsi qu’au maintien de relations durables ; autant de compétences pro-sociales encouragées dans l’entreprise, favorisant la réussite professionnelle et la prise de décision. L’intelligence émotionnelle devient ainsi un enjeu de développement personnel. Le choix que nous faisons au
Département Formation Pro de Grenoble INP – UGA est d’inclure cette compétence dans nos formations destinées aux
ingénieurs et
managers, permettant de mieux se connaître et de développer une posture plus collaborative.
L’exemple du Certificat en Innovation Collaborative Ouverte et de la reprise d’études
Le tout récent
certificat de compétences en «
Innovation Collaborative Ouverte (ICO) » destiné aux différents acteurs métiers d’un projet ICO a été construit en partenariat avec le
Lab Peak by Thésame dans une logique d’effectuation. Celle-ci mobilise l’intuition des individus, encourage à oser davantage, à tirer parti des aléas et à stimuler sa créativité. Elle permet ainsi de dessiner l’avenir en tirant parti de ce qui se présente plutôt que de chercher à l’organiser de manière trop anticipée. Les participants apprennent ainsi à découvrir le
rôle des émotions, à savoir les repérer, les exprimer, identifier les besoins qu’elles révèlent pour favoriser l’innovation collaborative avec les partenaires de leur éco-systeme. Ils expérimentent leur
capacité d’engagement face aux aléas, incertitudes et risques propres aux projets ICO et aux freins internes.
L’intelligence émotionnelle est aussi un puissant
vecteur d’apprentissage, notamment auprès d’un public adulte en reprise d’étude. Dans la formation «
Reprendre des Etudes Scientifiques dans le SUPérieur » destinée à des salariés reprenant des études d’ingénieur, nous les accompagnons certes à réviser des notions de mathématiques, mais également à
« réapprendre à apprendre ». Pour retrouver une posture d’apprenant efficace et positive, ils questionnent leurs émotions par rapport à leur vécu scolaire, leur relation à la réussite et à l’échec, à la notation, leur sentiment d’auto-efficacité
(4), et au final leur motivation profonde ... Autant de sujets travaillés individuellement et collectivement, de
manière réflexive et analytique mais également par une reconnexion aux sensations corporelles, des exercices de respiration ou de visualisation.
Ces pratiques de développement de l’attention aux sensations et aux émotions permettent d’avoir accès de manière plus directe et durable à ses
ressources propres, de mieux connaître son
style d’apprentissage et d’intelligence principale et de développer sa confiance et son autonomie d’apprentissage.
(1) Les Pensées, Pascal, 1669
(2) On parle ainsi « d’intelligence citoyenne ». Voir par exemple à propos du mouvement des « creatifs culturels » : Les intelligences citoyennes: Essai sur les Créatifs Culturels, Antony Gallais, 2020)
(3) H. Gardner en explore huit que le système éducatif devrait selon lui valoriser de manière équivalente : Intelligences verbale/linguistique, logique/mathématique, visuelle/spatiale, musicale/rythmique, corporelle, interpersonnelle, intrapersonnelle, et naturaliste (Gardner, H. Multiple Intelligences: The Theory in Practice. New York: Basic
Books 1993)
(4) Le concept d’auto-efficacité a été défini par Bandura comme la croyance en nos capacités ou l’efficacité perçue. Celle-ci, plus que notre capacité ou efficacité réelle, déterminent notre mode de pensée, notre comportement et notre niveau de motivation, les aspirations, la quantité d’effort, la résilience, la vulnérabilité au stress …