Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Louise Charbonnier, je suis professeure associée à Grenoble INP - UGA sur les enjeux de Transition ; je suis notamment responsable pédagogique du certificat « Innovation Collaborative avec son Écosystème », et du furtur certificat « Robustesse et soutenabilité ».
Parle-nous de ton parcours.
Je suis docteure en sciences de l’information et de la communication. J’ai d’abord travaillé dans l’enseignement et la recherche (à l’Université Lyon 2 et à l’INSA Lyon), puis en agences de communication à des fonctions de stratégie et de création. J’ai « bifurqué » en 2023, et je travaille aujourd’hui en indépendante, avec une activité entièrement tournée vers des projets au service de la transition. C’est dans ce cadre que j’intègre le Département de Formation Professionnelle de Grenoble INP - UGA, pour y développer des projets reliant les mondes de l’entreprise, de la recherche et de l’enseignement, autour des enjeux de transition. Ces enjeux sont aujourd’hui des urgences qui nous demandent, avec insistance, de créer collectivement une vision partagée de futurs désirables, de réfléchir aux nouvelles voies à tracer et aux nouvelles compétences à acquérir pour y parvenir.
Qu’est-ce qui t’a amenée à t’intéresser à ces enjeux de transition ?
Autour de 2020, je me suis passionnée pour les questions environnementales. Je me suis formée de façon autodidacte, puis de façon plus institutionnelle : j’ai obtenu un certificat de compétences en éco-conception et économie circulaire à Grenoble INP – UGA. J’ai réalisé à quel point une approche systémique est aujourd’hui indispensable. Comme il est important d’ouvrir son horizon, notamment de décloisonner le monde des sciences dites dures, de l’ingénierie, de la technique et de la technologie, pour entamer un réel dialogue, d’égal à égal, avec les voix des sciences humaines et des humanités, au sens large.
Tout comme il s’agit de remettre à sa juste place la raison raisonnante pour s’ouvrir à d’autres façons de se relier à ce qui nous entoure. La vie devance toutes les tentatives de compréhension, de contrôle, de gestion, d’instrumentalisation, de soumission, de prédiction. Aujourd’hui, nombre de nos concepts, distinctions, paradigmes n’ont plus de sens : ils freinent la transition vers des façons d’habiter le monde plus respectueuses, plus fécondes, plus enthousiasmantes aussi. De quoi avons-nous vraiment besoin ? Qu’est-ce qui nous rend profondément vivant, humain et nous donne de l’élan ? De quoi pouvons-nous nous inspirer, ici et maintenant, pour penser et faire autrement ? Ces questions guident ma démarche. Les crises économiques, environnementales, géopolitiques, sociales font écho aux crises intimes et existentielles de notre époque : elles nous poussent à revenir à l’essentiel, au cœur même de nos vies. Pour avancer de façon réaliste, partons de là où nous (en) sommes.
L’enjeu est de replacer l’humain au cœur des problématiques actuelles, en redonnant une juste place à notre pouvoir de décision et de contribution à l’équilibre des écosystèmes. Nous sommes des êtres de relations, dont nous devons prendre soin (relation à nous-même, aux autres, à ce qui nous entoure) : c’est là que nous pouvons œuvrer.
Quelles sont tes missions ?
Explorer de nouvelles façons d’apprendre et d’innover pour rendre les entreprises plus robustes et soutenables. Pour les dirigeant.es comme pour leurs collaboratrices et collaborateurs, cela passe par le développement de nouvelles compétences relationnelles, collaboratives, d’engagement, de réflexivité aussi par rapport à sa posture professionnelle, à ses motivations personnelles et à l’impact des choix que nous faisons au quotidien. Il s’agit d’acquérir non seulement des connaissances, des outils et des méthodes adaptés aux enjeux d’aujourd’hui, mais aussi d’adopter de nouveaux regards et de nouvelles approches, pour créer de la valeur partagée, du « bien commun ». Pour reprendre les termes de Cécile Renouard, il s’agit concrètement de (se) former autrement, pour transformer le monde.
Pourquoi la formation professionnelle plutôt que la formation initiale ?
J’ai apprécié pouvoir me former alors que je travaillais en entreprise. La formation tout au long de la vie est indispensable pour gagner en capacité d’agir dans le monde où nous vivons. Il est important d’accompagner, de soutenir et de valoriser ces dynamiques de changement de trajectoire et d’évolution professionnelle : chaque transformation individuelle a un impact plus large, collectif.
Qu’est-ce qui te plaît dans ton métier ?
D’abord, l’humain et le dialogue entre des univers différents : la recherche, les entreprises, les territoires, l’économie sociale et solidaire… Ces mondes se côtoient souvent sans vraiment échanger. Il s’agit de s’ouvrir davantage à des approches différentes, de collaborer avec des acteurs auxquels on ne pensait pas, de mutualiser les questionnements, les ressources, les bonnes pratiques, de partager les échecs et les réussites pour grandir ensemble. Tout est là, tout est à (ré)inventer.
Un mot pour conclure ?
Le plaisir d’apprendre : apprendre des autres, avec les autres et pour les autres. Ce qui m’anime, c’est cet esprit de curiosité et cette envie de transmission. Nous avons chacun·e un rôle à jouer pour incarner et transmettre ce qui compte vraiment, ce qui nous touche et nous rapproche.